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mardi 30 mars 2010

Croisée des chemins

Bonjour à vous toutes,
Je voudrais immortaliser cette anecdote. Elle sera inscrite à mon journal personnel, mais je crois qu'elle mérite de paraître publiquement. Non pas pour le geste posé, mais simplement parce que ma perception des relations humaines et de l'aide humanitaire viennent de prendre un nouveau tournant. Je revenais de mon après-midi de scrap chez mon amie Suzanne, portée encore par ce petit bonheur qu'on s'offre toutes les 2 chaque semaine. J'étais à 2 coins de rue de chez moi, j'ai remarqué une personne qui marchait sur le trottoir, quelque chose a attiré mon attention, je ne saurais dire quoi, mais j'ai senti que ça clochait, assez pour me garer et observer de plus près. Que pouvais bien faire une vieille dame arrêtée en plein milieu du trottoir, trottinant dans un sens puis dans l'autre, à cette heure, sous la pluie, vêtue d'une veste de laine légère sur une petite robe tout aussi légère, en souliers, avec sa clef au cou? Depuis combien de temps était-elle là, je ne saurais dire. Pourtant, cette rue est très achalandée dans mon quartier. J'ai stationné l'auto et je suis allée à sa rencontre. Délicatement, je lui ai demandé si elle avait besoin d'aide. J'ai eu l'effet d'une apparition sur elle! Elle m'a dit chercher l'arrêt d'autobus pour aller à Pointe St-Charles, qu'elle aurait dû rencontrer certaines personnes de sa famille et que la rencontre n'a pas eu lieu, et là, elle attendait et ne savait plus quoi faire. J'ai réalisé qu'elle avait froid, ses mains étaient gelées lorsque je l'ai aidée à s'asseoir dans ma voiture. J'ai tenté de l'apprivoiser un peu avant de lui dire que j'allais demander l'aide de la police. Inutile de préciser qu'elle a eu peur en entendant ce mot, et qu'elle m'a proposé d'aller la conduire à un autre arrêt d'autobus que celui en face, car elle ne le connaissait pas.... Je lui ai mentionné le nom d'une résidence tout près, Les Floralies, elle m'a dit, ça c'est au centre-ville, tu connais la rue Sainte-Catherine, c'est par là, et c'est OK, on peut y aller, je vais trouver mon chemin pour Pointe St-Charles. J'ai fait le 911, et la police s'est pointée quelques minutes plus tard, je leur ai expliqué comment j'avais trouvé la dame et ils l'ont pris en charge. Après avoir patienté une bonne dizaine de minutes,ignorée des 3 policiers, ma voiture bloquée, je me suis décidée à retourner vers la policière, toujours en conversation avec la dame et à demander si elle avait encore besoin de moi, parce que dans la voiture garée devant la mienne, le policier était en grande conversation avec un citoyen honorable! Elle a pris mes coordonnées, s'est assurée que la voiture m'appartenait et m'a dit, sur un ton étrange, quelque chose comme : vous avez de l'observation pour avoir remarqué cette dame. J'ai répondu du tac au tac, qu'en plein mois de mars, sous la pluie, il n'était pas normal de voir une personne se promener ainsi légèrement vêtue, sans parapluie et avec la clef au cou, arpenter un trottoir, hésiter avant de traverser et se raviser, pour moi c'était des signes évidents de confusion. J'ai ajouté, que si cette personne avait été ma mère, j'aurais été rassurée qu'elle rencontre quelqu'un qui l'aurait aidée. J'ai repris mon permis de conduire, je l'ai saluée et j'ai demandé poliment à son confrère de libérer ma voiture...
J'ai évidemment raconté cette histoire à mon mari, et à ma mère, expliquant le 30 minutes de retard que j'avais sur mon horaire habituel. Mais cette histoire m'a laissée triste, m'a fait sentir tout à fait impuissante, et perplexe. Si je n'ai senti aucun doute dans la voix du préposé au 911, le regard et le ton des policiers ne portaient pas la même certitude, ne diffusaient aucune chaleur humaine. Peut-être comme si mon geste était si hors de l'ordinaire, qu'il fallait y chercher une bébite. Je ne sais pas, mais je suis encore vraiment hébêtée et perplexe.
Plus important encore, c'est mon regard sur le processus du vieillissement qui a changé ce matin. J'ai cotoyé pour un moment la confusion, ses conséquences, un cas probable d'Alzeimer. Je bénis le Ciel que ma maman qui a 80 ans possède encore un esprit vif et clair. J'ai conscience du processus de vieillissement, je fais souvent la farce que je suis au beau milieu de ma vie à 56 ans, qu'il me reste encore 50 ans à vivre, car comme mon grand-père qui disait qu'il mourrait à 105 ans, moi, j'ai choisi 106. Encore en fin de semaine, j'étais en voiture avec mon fils qui commentait ma conduite! Je lui ai fait promettre que s'il s'apercevait que je déclinais, de m'en avertir pour qu'on me retire mon permis! Et j'ai ajouté, à la farce, ce ne sera pas avant 104 ans, âge où ma vision ne sera plus assez bonne et que toi tu seras pépère... Ouais,il n'y a pas de prescription pour empêcher le corps de vieillir, ma génération a beau courir les instituts de beauté, on a beau charcuter son visage pour faire disparaître les rides, rien ne peut empêcher le processus de vieillissement. Je porte mes cheveux gris et mes pattes d'oie avec respect pour l'expérience que j'ai de la vie. Je suis rendue ICI. SI, j'écris bien SI, cultiver l'harmonie et la joie de vivre sont des ingrédients à cultiver pour vieillir en jeunesse je veux bien y mettre tout mon coeur, dans tout ce que je fais. Et entretenir cette attitude.
Le scrap représente-t-il une culture qui fait fleurir joie et harmonie dans mon jardin de la vie? Yessssssssssss. A-t-il comme mission de passer de beaux moments? Yesssssssssssss. Permet-il de s'épanouir, de développer sa curiosité et sa créativité? Yesssssssss. Alors je vous en prescris en quantité illimitée, à répéter chaque jour pendant aussi longtemps qu'il reste des photos à immortaliser. Signé: Docteur Danielle Scrap tout. (WOW,Ça fait bien drôle de me donner un titre aussi honorable, moi qui ai des gênes de -bonne - sorcière!) HI! HI! HI!
A plus.

C'est avec ces 2 pages que se termine mon voyage au pays des rénovations de ma cuisine. Je suis, dans mon scrap, à la croisée des chemins avec le début d'un autre album et d'un au revoir à celui-ci. Je vous présente la page d'introduction, ayant pour titre Cuisine, et celle de la fin, Time out. À suivre...

Fiche technique: "cuisine": Carton Bazzil, Papier Basic Grey, embellissements: Dolorama, colorés avec les Copic; Encre Distress; Letrres: grosses, Dolorama - colorés avec les Copic et embossées avec le Glossy Accent, les petites sont de Creative Memories; j'ai scraplifté une page du Guide complet du scrapbooking, automne 2006, page 60.



"Time Out": Papier Frances Meyer; collant EK success; perles: Dolorama; Stencil Bazzil Flourishes.

3 commentaires:

Enyl a dit…

Danichou, je suis vraiment ému de te lire, j'adore lire tes ''tranches de vie''

Danielle Champagne a dit…

Ça me fait beaucoup plaisir Enyl que tu aimes lire mes chroniques! Puissent-elles t'apporter un petit plus dans ta journée!

PauleetChinelle a dit…

Bonjour Danielle,

Je t'es lu mardi car je suis une accrocs de tes chroniques, à chaque jour je suis devant mon ordi pour aller voir si tu as écris un petit qqc. Je ne t'es pas écris avant car ton anecdote m'a beaucoup tourmanté.Mon grand papa est décédé il y a un mois, il avait le alzheimer et il c'est perdu quelques fois comme la dame que tu as aidé. Il était vraiment confus car il disait aux gens l'adresse de quand il était encore chez ses parents tout petit. Une chance qu'il avait un bracelet spécial genre gps.
Tu as entièrement raison nous sommes comme des bizarres quand nous faisons une bonne action. La société est négative c'est comme si on ne pouvait plus être bon et juste. J'aime encore rêver que si quelqu'un nous fait du bien on en fait en retour.

Moi mon chiffre rêver de vie c'est 96 ans et juste un peu aguisable, pas trop mais avec toute ma tête d'artiste juste assez flier.

J'ai hâte de te voir.

Paule